Une gestion intelligente des eaux usées peut contribuer à réduire la pollution de l'air

Une gestion intelligente des eaux usées peut contribuer à réduire la pollution de l'air

« Si vous marchez le long de la rivière Bagmati dans la capitale népalaise, Katmandou, vous serez frappés par la mauvaise odeur omniprésente, soulignant le fait qu’une mauvaise gestion des eaux usées aggrave la pollution atmosphérique », affirme Birguy Lamizana, spécialiste d’ONU Environnement des eaux usées et de la pollution.

« La seconde chose que vous remarquez, c’est que c’est le plus pauvre parmi les pauvres vivant le long de la rivière dans des cabanes de fortune : partout dans le monde, c’est généralement les plus pauvres qui sont les plus touchés par la pollution », ajoute-t-elle.

Katmandou n’est pas un exemple isolé de la mauvaise gestion des eaux usées. Toutes les grandes villes, en particulier celles des pays en développement dont la population augmente rapidement, sont confrontées aux mêmes problèmes.

Les voies navigables urbaines fortement polluées émettent des gaz toxiques tels que le méthane et l’oxyde nitreux (qui sont également des gaz à effet de serre). Une étude mondiale récente (en anglais) a démontré que les concentrations d’antibiotiques dans certaines des rivières du monde dépassaient les seuils jugés sans danger jusqu’à 300 fois.

Personne ne souhaite vivre dans une atmosphère polluée et les citoyens prennent de plus en plus conscience du danger que cela représente. En septembre 2017, les États membres des Nations Unies ont adopté le rapport Vers une planète sans pollution.

« Alors que le monde a bénéficié d’une croissance économique importante au cours des dernières décennies, elle s’est accompagnée de grandes quantités de pollution et a jusqu’à maintenant des effets importants sur la santé des êtres humains et des écosystèmes, ainsi que sur la manière dont certains des processus majeurs du système terrestre, tels que le climat , fonctionnent », affirme-t-elle.

Par exemple, 3,5 milliards de personnes dépendent des océans en tant que source de nourriture. Pourtant, les océans servent de décharges et les eaux usées y sont rejetées.

Sur terre, les eaux chargées de produits chimiques toxiques provenant de l’industrie polluent les voies navigables mais également l’air que nous respirons. De même, les engrais utilisés dans l’agriculture causent une eutrophisation sous forme de ruissellement dans les rivières, les lacs et les zones humides. Ce faisant, ces écosystèmes sont pollués et polluent l’air. L’une des conséquences de la pollution par les nutriments (eutrophisation) est la prolifération d’algues (en anglais) qui asphyxie les poissons et émet des gaz nocifs. En outre, l’élevage intensif produit de grandes quantités de méthane. Les produits chimiques utilisés dans les mines polluent également les sources d’eau et l’air. À mesure que les terres et les océans sont interconnectés, ces polluants atteindront, d’une manière ou d’une autre, les eaux souterraines, ainsi que la côte et l’océan.

« Les activités humaines non durables, comme l’agriculture et l’extraction minière, l’industrie et les infrastructures sapent la productivité de vastes zones de terres agricoles, de forêts et d’autres écosystèmes sur tous les continents. Cette dégradation menace la sécurité alimentaire, les ressources en eau et la biodiversité dont dépend le développement humain. Elles entraînent et exacerbent les changements climatiques. De plus, elles mettront les objectifs de développement durable hors de portée, à moins qu’elles ne soient encadrées d’urgence », indique la note d’orientation du Programme des Nations Unies pour l’environnement : A new deal for Nature – Restore the Degraded Planet (Un nouveau pacte pour la nature: restaurer la planète dégradée – non traduit).

En mars 2019, la quatrième Assemblée des Nations Unies pour l’environnement a adopté une résolution visant à « améliorer la prise en compte de la protection des écosystèmes côtiers et marins dans les politiques, en particulier celles visant à lutter contre les dangers écologiques tenant
à l’augmentation des nutriments, des eaux usées, des déchets et microplastiques dans le milieu marin à l’appui du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui encadre le développement durable… »

Forte dépendance à une ressource limitée

Les êtres humains dépendent de manière cruciale de l’eau douce propre pour s’hydrater, cuisiner et pour une utilisation dans l’agriculture et l’industrie. L’eau douce constitue seulement 2,5% de toute l’eau de la planète. De plus, seulement 1,2% de cette eau douce est disponible aisément comme l’eau douce de surface : le reste est constitué d’eaux souterraines ou enfermée dans des glaciers et des calottes glaciaires. Ainsi, lorsque l’eau douce de surface est polluée, c’est un problème.

Même lorsque les eaux souterraines sont polluées, nous sommes également en difficulté, de nombreux pays l’utilisant pour l’irrigation. Pourtant, plus de 80% des eaux usées mondiales sont rejetées dans l’environnement sans traitement.

Le traitement des eaux usées profite aux plus pauvres

« De nombreuses mesures peuvent être prises pour lutter contre la pollution », déclare Birguy Lamizana. « L’objectif est de sélectionner les mesures clés susceptibles de générer le plus d’avantages, quels que soient le type de pollution (air, eau, sol / terre, marine et côtière) et l’ensemble des secteurs (agriculture / sécurité alimentaire, industrie, transport, résidentiel, industrie extractive), utilisant une approche de cycle de vie. »

« Les objectifs de développement durable 1 et 2, Pas de pauvreté et Faim « zéro », sont les principales priorités de nombreux pays », explique Birguy Lamizana. « L’amélioration de la gestion des eaux usées dans les pays en développement aurait d’énormes avantages pour la santé et le bien-être des populations les plus démunies du monde, par exemple les plus de 800 millions de personnes sous-alimentées. »

ONU Environnement et ses partenaires aident les pays à identifier un nombre raisonnable de mesures rentables pour réduire la pollution par les eaux usées et à plaider en faveur de leur adoption et de leur application. Mais des sources de données fiables et cohérentes sont nécessaires.

« Nous avons besoin de données plus nombreuses et de meilleure qualité pour évaluer l’état et les effets de la pollution par les eaux usées. Un soutien au renforcement des capacités doit être fourni aux pays pour améliorer leur capacité à développer des systèmes statistiques nationaux et à utiliser les statistiques sur la pollution pour mieux gérer et surveiller qualité de l’eau, du sol et de l’air », affirme Birguy Lamizana.

« Des cartes en open source utilisant des données géo-spatiales permettant d’obtenir des cartes de la pollution, des dynamiques de dispersion, combinées avec la densité de population, des zones protégées ou d’autres ensembles de données biophysiques ou socio-économiques sont indispensables », ajoute-t-elle.

À cet égard, l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement 2019 a adopté une résolution encourageant les États membres « recueillir des données sur les indicateurs économiques et les indicateurs liés à pauvreté et l’environnement, afin de pouvoir vérifier les progrès réalisés sur la voie de l’élimination de la pauvreté et la gestion de l’environnement et des ressources naturelles. »

Source et Crédit photos: Birguy Lamizana et Riccardo Zennaro

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